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KABINDA SE PROJETTE

6 mai 2011

LETTRE AUX JEUNES

 

 

 

MUSONGIE M’MUKALANGA !

 

Je suis de ceux qui pensent que toute personne humaine a reçu de Dieu (ou du Destin pour ceux qui ne croient pas en Dieu) une mission à remplir sur la terre des hommes et des femmes. Autrement dit, nous avons été créés pour quelque chose. Une raison d’être commande et structure notre existence. L’oublier risque de donner lieu à des choix de vie peu ou pas du tout engageants. Et quand on vit sans savoir pourquoi on vit on risque aussi de mourir sans donner un sens à sa mort. « Tel on fait son lit, tel on s’y couche ».

Je m’autorise à écrire cette lettre ouverte à la jeunesse kabindaise dont je suis fier, cette jeunesse issue d’un peuple brave et solidaire qui a réussi, au milieu des affres des guerres à répétition et contre vents et marrées à conserver sa dignité. Il s’agit de les inviter à réfléchir sur le présent et l’avenir de notre belle région que nous partageons en commun tout autant que sur les enjeux de la mondialisation qui nous embarque parfois sans nous. J’ai envie de savoir ce que pensent nos jeunes de l’état actuel de notre milieu de vie, de la manière dont ils envisagent leur vie. J’adresse cette lettre aux jeunes, persuadé que l’avenir de cette région kabindaise comme de toutes les régions du  monde repose sur eux. Et aujourd’hui mieux qu’hier nous avons ici et ailleurs la chance d’avoir une jeunesse qui a envie de faire bouger les lignes, une jeunesse qui ne s’accommode plus de la médiocrité et du statu quo. Pour tout dire, une jeunesse engagée. Par définition la jeunesse est en mouvement à l’image de la croissance physique et mentale qui la caractérise. La jeunesse est ambitieuse, fougueuse, « futuriste » dans le bon sens du terme.

Sous la dénomination « Jeunes kabindais », j’inclus tous les jeunes hommes et toutes les jeunes femmes qui ont adopté le district de Kabinda pour y passer tout ou partie de leur vie. Y sont compris bien sûr tous ceux qui vivent dans la cité de Kabinda, de Mwene-Ditu, Ngandanjika, Lubao, etc ou ailleurs mais dont le cœur bat pour ce beau et majestueux pays[1]. Ainsi par Kabindais, j’entends tous les Basongie, tous les Baluba, les Kanyok et les autres peuples qui vivent chez nous ou ceux qui n’y vivent pas physiquement mais qui l’ont adopté comme pays du cœur. Il s’agit pour moi de m’adresser à toutes ces forces aussi vives que diverses qui ont envie du changement et qui veulent y croire. Croire qu’ils ont quelque pierre précieuse si petite soit-elle à apporter à la construction de notre province. Comme les Américains, nous avons aussi le droit de dire : « Yes we can ». Car nous aussi nous comme les Américains nous avons besoin de réaliser le « rêve kabindais ».

Kabinda était autrefois évocateur d’un peuple instruit, largement alphabétisé au-dessus de la moyenne nationale. A propos, je ne résisterai pas à évoquer un adage qui est resté célèbre mais qui, aujourd’hui, est à l’épreuve du feu. Depuis la tendre enfance nous entendons les anciens dire : « Musongie m’mukalanga, bafuadile kilamba beleje tafikile », entendez « Le peuple songie est déjà civilisé, quand arrive le colon, qui l’a trouvé habillé ».

Malgré l’enclavement qui nous coupe du reste de la RDC, Kabinda a toujours réussi à former sa jeunesse. Les parents ont fait et continuent de faire ce qu’ils peuvent pour faire scolariser leurs enfants au milieu de toutes les crises politico-économiques qui ont émaillé l’histoire du Congo avant et après les indépendances. A cette occasion où nous nous adressons aux jeunes, nous en profitons pour saluer à haute voix tous ces parents ainsi que les acteurs, hommes et femmes, éducateurs, professeurs laïcs et religieux qui ont donné sans compter pour leurs enfants, j’allais dire nos enfants. Nombreux, des enseignants et des professeurs qui devraient passer une retraite bien méritée et bien assurée sont relégués à une vie sans lendemain alors qu’ils ont travaillé de toute leur vie. Nous sommes parmi les rares pays en Afrique qui faisons travailler les parents  jusqu’au-delà de 65 ans, faute de pouvoir leur garantir une retraite à la mesure du travail abattu. Dans les couches professionnelles où elle existe, la retraite à la congolaise ne permet pas aux séniors de finir dignement leurs jours terrestres. Un évêque de notre pays a même dit que la vie que nous menons en République Démocratique du Congo est celle des années 1930, comparée à celle d’autres pays africains. Il est à ce jour, à l’échelle tant nationale que locale, difficile voire impossible pour biens des jeunes diplômés, toutes professions confondues, de trouver du travail. Nous n’avons pas des chiffres qui peuvent nous renseigner sur l’état du chômage dans notre pays pour la simple raison qu’ils ne sont pas communiqués par le ministère du travail. Il est à se demander si ces chiffres même existent. Nous nous demandons si notre gouvernement sait établir avec le moins d’erreurs possible l’état et l’évolution des chiffrés du chômage des jeunes dans notre pays. Nos jeunes étudient avec l’espoir de sortir de la galère une fois les études faites, mais au bout du tunnel scolaire ou universitaire ils se rendent compte que le marché du travail est de plus en plus bouché. Il faut ajouter à cela l’insécurité permanente dont sont victimes certaines couches sociales de notre pays le Congo. Les violences faites aux femmes à l’Est du Congo et ailleurs ne reculent toujours pas. Au contraire. Au point qu’un journaliste « illuminé » s’est permis de qualifier la RDC de capitale mondiale du viol des femmes. C’est à se taper la tête contre les murs ! Devant toutes ces conneries pour le moins humiliantes, nos gouvernants nous donnent l’impression de ne pas être tracassés outre mesure. Ils nous font de belles promesses quand ils ont besoin de nos voix pour être élus à ceci ou à cela et après ils dorment tranquillement sur leurs titres conquis de président, de gouverneur, de ministre etc. etc. En vivant comme s’ils n’avaient des comptes à rendre à personne. Et nous naïfs parfois, leur courons derrière comme si nous approuvions leur jeu. Comme on dit, les promesses rendent les fous joyeux. Cette situation intolérable ne doit plus durer. On en a déjà ras-le-bol. Maintenant nous vous  invite à y voir un peu plus clair. Il y a longtemps que la société civile les a laissé faire. Maintenant nous la voulons plus exigeante qu’elle ne l’a été jusqu’à présent. Nos voix doivent être échangées contre garantie d’embauche, de sécurité alimentaire, de liberté citoyenne... Nous voulons que les jeunes aient accès à une vie normale comme partout ailleurs et ce ne sont pas les moyens humains et matériels qui manquent. La RDC est l’un des pays les plus riches au monde par son sol et son sous-sol. Il est appelé « scandale géologique » tellement il regorge des matières premières qui font l’envie des pays étrangers. D’après les ingénieurs de haute volée, la RDC serait au moins la sixième agriculture mondiale si son sol, à ce jour exploité seulement à 10% des terres arables, était largement valorisé.

Bientôt les élections présidentielles et législatives. Qu’est-ce que nos candidats nous promettent ? On dirait que nous sommes dans une prison à ciel ouvert. Pas de routes, pas d’hôpitaux assez équipés, pas d’écoles et universités aux normes internationales. Alors que le monde tend à devenir un village planétaire grâce aux interconnections dans les domaines du transport et de la communication, nous Congolais et Kabindais nous sommes là encore à nous demander comment attraper un repas de midi et du soir.

Grâce aux moyens de communication dont Internet en tête, les jeunes du Magrheb ont lancé un signal fort à leurs gouvernants, notamment en leur faisant voir qu’ils ne sont plus des spectateurs de ce qui se passe dans leurs milieux mais des acteurs à part entière. Hier l’information circulait sous le mode vertical, allant des professionnels de l’information qui sont les journalistes aux consommateurs de celle-ci (les auditeurs et téléspectateurs) sans une moindre influence de leur part. On était réduits à recevoir de l’information. Aujourd’hui et c’est là la providence, l’information circule horizontalement, de sorte que la frontière entre le professionnel et le consommateur devient de plus en plus poreuse. Le journaliste devient par moment auditeur et l’auditeur journaliste, puisqu’il donne aussi son point de vue à travers les réseaux sociaux. Ce phénomène change tout ! Il fait passer les jeunes du statut du spectateur à celui d’acteur. Mais hélas ! combien de jeunes dans notre province ont accès aux canaux de communication ? Pour ne pas être trop pessimiste, nous pouvons saluer le téléphone portable qui a fait une entrée remarquée même s’il reste encore inaccessible pour certaines bourses. Mais  pas suffisamment pour dire que l’histoire du monde se fait avec nous ! Alors que chacun des jeunes a sa petite musique à faire entendre. Si nous vous adressons cette lettre c’est parce que nous sommes convaincu que le visage de Kabinda peut changer avec la volonté de tous les jeunes. Tous les pays économiquement avancés sont partis de peu de choses vers des choses merveilleuses par leur ténacité et leur endurance. J’en veux pour preuve la Chine qui n’avait, il y a seulement 30 ans que trop peu de poids économique sur la scène mondiale. Aujourd’hui, la Chine est officiellement la locomotive économique du monde. Elle inonde de ses produits tous les marchés mondiaux des Etats-Unis d’Amérique en Afrique en passant par l’Europe. De sorte que Barack Obama est obligé de s’incliner quand il salue Hu Jintao non seulement par respect pour la culture orientale où on se salue en faisant une inclination mais aussi par respect pour ces bosseurs infatigables et admirables que sont les Chinois. La gamme de ses produits marchands va des appareils hautement sophistiqués au rouleau des papiers hygiéniques. De sorte qu’elle est appelée aujourd’hui l’ « Usine du monde ». Aujourd’hui la Chine produit et vend tout. Le TGV (Train à grande vitesse) le plus rapide au monde est chinois (450 Km/h) contre 300 Km/h du TGV français qui se targuait d’être le fleuron de la plus grande technologie ferroviaire. Beaucoup de pays disent ouvertement ne pas aimer la Chine mais ils sont obligés de composer avec elle. Qu’on l’aime ou qu’on la déteste elle est là, affirmant son leadership grâce à son dynamisme économique. Au moment où toutes les économiques puissantes du monde étaient plombées  par la récession, la Chine affichait sur son compteur une croissance insolente de 10%. Sa population, estimée à 1.300.000.000 (un milliard trois cents millions) a été pour elle non pas un obstacle mais plutôt un atout. Ca c’est la Chine, décidément ! (Signalons au passage que toute l’Afrique dont l’espace est plus de dix fois important que la superficie de la Chine a à peine 900. 000. 000 d’habitants). Le communiste Mao Tsé Tung a mis les Chinois au travail rigoureux et méthodique qui a produit les fruits que l’on sait.

L’autre exemple remarquable, toujours dans les pays asiatiques, nous vient de la Corée du Sud. Dans les années 1960, ce pays avait un niveau de vie trois fois inférieur à celui du Congo d’alors. Si par exemple un enseignant coréen gagnait 50$ par mois, l’enseignant congolais, à pareille qualification, gagnait 150 $. De même la qualité de l’enseignement primaire, secondaire et universitaire en Corée du Sud était des plus médiocres à cette époque mais aujourd’hui le petit Coréen, d’après les études d’enquêtes initiées par un organisme américain est le deuxième meilleur écolier au monde après le petit Finlandais. Conscients de vivre sur un sol moins généreux (la Corée du Sud est l’un des pays dont le sol ne renferme pas beaucoup des richesses minières), les Coréens ont vite compris qu’il fallait beaucoup exploiter les ressources de leur intelligence pour se faire une place sous le soleil. Alors que le Congo a depuis stagné voire reculé dans le domaine de la formation pour ne citer que celui-là, la Corée du Sud a rattrapé son retard jusqu’à se hisser à la plus haute marche du podium. Aujourd’hui elle devient un partenaire sérieux vis-à-vis d’autres grands pays industrialisés. Voilà des peuples chez qui on devrait prendre la graine.

Que faire ? D’abord s’indigner. Nous empruntons ce mot à un Résistant[2] français qui a écrit un petit livre (30 pages en tout) que je qualifierai de best-seller. Avec beaucoup d’hésitation, la maison d’édition avait tiré 8000 exemplaires estimant qu’il resterait beaucoup d’invendus mais elle a été surprise de voir que le petit livre était demandé de partout en Occident. Si bien que l’éditeur a dû multiplier autant de fois que nécessaire d’éditions et de rééditions. S’indigner c’est protester contre toutes les formes rock and roll de gouvernance qu’on a eues jusqu’à à ce jour, à cause desquelles nous sommes devenus très pauvres. Pour le dire autrement, j’emprunterai à un roi africain, un résistant à l’époque coloniale, une parole aussi énergique que retentissante : « Quand on refuse, on dit non. » Il convient de dire non aux gouvernants autistes qui ont réduit notre société à une masse des chômeurs et des clochards.

Si l’on nous passe le langage médical, nous pouvons dire que notre société est un « corps » social. On ne peut rien faire pour un malade qui ne sait pas qu’il souffre. On ne peut rien non plus si le malade qui se sait malade ne cherche pas à identifier par lui-même ou par un autre (le médecin) l’agent causal. Une société en bonne santé est celle où les services sociaux fonctionnent normalement c’est-à-dire quand les habitants ont accès à l’alimentation de base, aux soins de santé, aux services de  communication, de transport, etc.; elle est malade quand le fonctionnement est difficile ou bloqué. Ainsi, lister tous les bobos dont souffre le corps social me semble un préalable nécessaire avant de procéder à sa guérison. Autrement dit il s’agit de prendre conscience que la situation socio-économique dégénère ou pas. Cette autopsie est d’autant plus nécessaire que la jeunesse kabindaise est en train de croître en nombre et qu’une situation durable de chômage peut à terme se révéler explosive comme c’est le cas dans les pays arabes. Il vaut mieux désamorcer la bombe avant qu’elle n’explose, sinon ce sera trop tard. Nous ne sommes pas condamnés au fatalisme du genre « Tukita bikuanyi ». Nous avons le droit et le devoir de nous servir de notre tête, nos bras et nos jambes pour faire ce que font les autres sous d’autres cieux.

 

50 ANS APRES L’INDEPENDANCE

 

Nous avons fêté les 50 ans d’indépendance. Mais nous nous demandons de quelle indépendance il est question. Dieu merci, nous n’avons plus derrière nous quelqu’un qui nous tape dessus pour nous pousser à travailler dans les champs de coton dont on ne voit pas la couleur de l’argent. C’est terminé le temps où les parents et leurs enfants se faisaient humilier par un seul homme. Ouf ! nous sommes libres, nous sommes reconnus à notre juste dignité humaine. Mais l’indépendance ne va pas plus loin que ça.

50 ans après, nous dépendons encore du monde occidental au plan politique et économique. Puisqu’il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, on ne va pas dire que tout est pourri, loin de là. Il y a eu des choses positives surtout au plan individuel. Des nombreux citoyens amoureux de leur région ont apporté quelques services ayant permis aux Kabindais d’amortir le choc des crises successives. Malgré leurs moyens rudimentaires, ils ont redoré le blason et limité « la casse de la vaisselle » régionale.

Mais au plan politique, le bilan est plutôt négatif et le tableau-inventaire sans concession; que des années gaspillées ! 50 ans après, nos mamans sont encore obligées d’aller chercher de l’eau très loin du domicile avec tous les risques que l’on sait. Pour faire la cuisine nos mamans n’ont d’autre choix que d’aller couper du bois dans la forêt qui par conséquent se vide peu à peu de ses arbres. Avec le réchauffement climatique, le problème de désertification est un risque majeur qui menace notre planète... L’homme, en particulier l’homme occidental avec tout son attirail technologique, s’est montré irresponsable en gérant mal les ressources naturelles. Tout cela a pour conséquence le déséquilibre de la nature et avec lui les tempêtes qui arrachent tout à leur passage, les sécheresses prolongées dans certains milieux ou des pluies meurtrières qui sont le révélateur et le signal fort d’un écosystème qui ne tourne plus rond. Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de protéger nos forêts qui assurent l’équilibre climatique. Sans les forêts qui captent les émissions de gaz carboniques (les effets de serre) en même temps qu’elles contribuent aux processus des précipitations pluviales, la vie deviendrait insupportable. Notre pays vit comme un malade sous perfusion et il y a 50 ans que cela dure ! Depuis les années 60, on ne peut pas dire honnêtement que le Congo a évolué  dans le positif. Les quelques villes que nous avons, aujourd’hui surpeuplées à cause de l’accroissement de la population congolaise qui est passée de près des 20 à 65 millions en 50 ans, sont celles construites par les Belges. Dans quel état elles se trouvent ? Chez nous à Kabinda, rien ou presque n’a changé depuis. Nos structures de santé publique, de scolarisation, de circulation n’ont guère augmenté ni quantitativement ni qualitativement. C’est vrai que nous avons de nouvelles universités qui permettent à nos jeunes d’étudier près de leurs proches mais elles sont très limitées compte tenu du contexte géographique et économique du milieu. Mais bon… « Un tien vaut mieux que deux tu l’auras ».

Nos parents nous disent que la cité de Kabinda était belle à l’époque des Belges ; il y avait des cantonniers qui travaillaient journellement à la réfection des routes, ce qui permettait une circulation plus ou moins fluide et rapide. Il paraît que l’électricité et la poste fonctionnaient à Kabinda ! Aujourd’hui tout cela est réduit à une peau de chagrin. Toutes ces belles choses appartiennent au tiroir de bons et lointains souvenirs. Ce qui m’amène à dire que les 50 ans n’ont pour nous ni épaisseur ni contenu. C’est de la coquille vidée du jaune et du blanc de l’œuf.

Maintenant que nous sommes partis pour les autres 50 ans, nous voulons dire stop à la misère.

 

LE CERCLE VICIEUX DE L’ATTENTE

 

A l’heure actuelle, aucun entrepreneur averti ne peut envisager de venir investir chez nous à Kabinda. Pourquoi pas ? Eh ben tout simplement parce qu’il manque des infrastructures de base dont les routes sont le principal atout. C’est peu de dire que les routes sont indispensables pour les affaires. Comment investir dans un milieu par où ne passe ni véhicule ni train ni avion ! Ne dit-on pas que « Le temps c’est de l’argent » ? Comment faire marcher convenablement le business quand pour un trajet de route de 100 km, on doit perdre toute une journée entre les « embourbements » et les ensablements. Un colon de Belgique a dit à juste titre que : « Sans le chemin de fer le Congo ne vaut pas un seul penny (sous)».

Il n’est pas normal que nos produits vivriers pourrissent dans des greniers parce qu’il n’y a pas des routes pour les acheminer vers des centres commerciaux. C’est très affligeant de constater que les femmes enceintes et les grands malades soient  portés sur des vélos pour atteindre les quelques dispensaires et hôpitaux que nous avons. A cause de la pénibilité des conditions de déplacement et de la distance entre le village du malade et le lieu des soins, beaucoup d’entre eux meurent avant de voir le médecin.

Que devons-nous faire face à tous ces problèmes handicapants ? La tentation serait de se dire que nous attendons que les politiques fassent quelque chose ou bien que les entrepreneurs viennent s’installer chez nous. Mais ça fait des siècles que nous les attendons et personne ne se pointe à l’horizon. En revanche, on les verrait nombreux à se bousculer dans nos quartiers si notre héroïque pays était pourvu d’infrastructures adéquates. Finalement on se retrouve dans une situation d’impasse où nous les attendons et eux nous attendent. Au final, un jeu à sommes nulles.        

 

IL FAUT QUE CA CHANGE

 

Nous ne demandons pas de refaire le monde, nous ne demandons pas non plus de conquérir les astres (ni le soleil ni la lune) mais nous voulons juste vivre normalement comme la majorité des êtres humains qui peuplent notre terre et nous voulons accéder aux services sociaux que notre temps moderne fournit aujourd’hui. Nous ne voulons plus vivre hors de notre temps. Nous voulons être acteurs de notre histoire. Mais devant la multiplicité des besoins (santé, chômage, faim, scolarité des enfants, etc) tous urgents les uns que les autres, il nous faut cibler ceux dont la satisfaction permet de passer moins péniblement à la satisfaction d’autres. Je veux appuyer ce que je dis avec un exemple. Si nous arrivons à créer des routes reliant Kabinda avec d’autres villes comme Mbuji-Mayi, Lubao, Ngandajika, il est certain que la libre et rapide circulation favorisera la création d’emplois par des industriels qui seront attirés par un grand marché à conquérir. Car Kabinda et ses environs est un grand marché qui sommeille. Mais pour qu’il se réveille, il faut que tous se mettent au travail et que la contribution de chacun soit regardée à sa juste valeur.

Pour cela, nous devons dire « stop au tribalisme » et laisser place à la méritocratie. La meilleure  façon de freiner son propre développement c’est de freiner celui de son voisin ou d’appliquer la « politique » de stigmatisation de certaines couches sociales. Ce qu’on appelle communément le tribalisme. Kabinda qui a besoin de tous ses fils et de toutes filles pour se développer n’a pas intérêt à voir proliférer des personnes qui se prennent pour le centre du monde et qui combattent d’autres personnes qui ne demandent qu’à travailler et faire mieux là où elles sont. Tous les jeunes et tous les membres ont leur place et leur apport à la construction de notre pays est irremplaçable dans notre société. Non seulement nous devons accorder à chacun la place qui est la sienne mais nous devons en plus encadrer et encourager les meilleurs d’entre nous pour leur permettre de réaliser pour notre peuple leurs projets les plus porteurs. Imaginez-vous un fils ou un ami de notre région qui vienne nous construire des routes ou un autre qui construise des meilleurs hôpitaux ou encore celui qui mette à notre disposition des grands magasins où on l’on peut trouver ce que nous allons chercher à Mbuji-Mayi ou à Kinshasa. On aurait gagné énormément en économie d’argent et en économie de temps. Aujourd’hui chaque article payé loin de chez nous occasionne un surcoût lié à son acheminement du lieu où il a été payé au lieu où il sera utilisé c’est-à-dire ici chez nous, sans compter le temps qu’on met à le recevoir et les risques qu’on court de le perdre dans la chaîne de son transport. Autrement dit nous sommes de ceux qui payent très cher les produits manufacturés ou des services d’ordre administratif et autres. Il y a de ces maladies que nos hôpitaux actuels ne peuvent pas traiter et pour lesquelles on est obligé de voyager pour trouver des services efficaces. Mais est-ce que voyager est à la portée de tout le monde ? Ceux qui vivent dans des milieux où ces services sont à portée de main ne se rendent pas compte parfois des avantages dont ils bénéficient parce qu’ils voient cela comme étant normal.

                                                                                                       Bon courage !

                                                                                              Le ciel vous tienne en joie

                                                                                              MUEPU Kayeya



[1] . Pays est ici utilisé dans le sens d’une région, d’une contrée envisagée du point de vue historique, économique ou climatique. C’est dans ce sens qu’on entend dire que le Katanga est le pays du cuivre, Mbuji-Mayi celui du diamant.

[2] . De 1939 en 1945, il y a eu la 2ème Guerre mondiale dont Hitler et ses sujets étaient les principaux acteurs. Ceux qui luttaient contre la domination de l’impérialisme allemand étaient appelés des Résistants. A Kabinda nous avons aussi nos Résistants, ceux qui ont lutté contre l’invasion des armées étrangères il y a peu.

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KABINDA SE PROJETTE
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